Alors que la conversation devenait houleuse pour tout le monde, les vagues même de l’océan étaient moins acharnées que les paroles qui demeuraient dans le salon. Ainsi, voguant toujours sur des flots cléments, la grande frégate fendait l’eau de sa grande proue, en haut de laquelle siégeait une grande figure dorée, représentant une femme tenant entre ses deux mains un soleil. Entre le flot des vagues, leur bruit se mêlant a l’écume créée, des notes se faisaient entendre depuis l’un des ponts. Des notes claires, douces et harmonieuses. L’on jouait du piano sur ce navire, de manière subtile mais ferme. Disposé dans une salle de petite taille, mais de belle facture, un grand piano à queue noir, brossé, résidait au centre de la dalle, capot a demi ouvert, tenu par une arrête noir. Un pied posé sur l’une des trois pédales au-dessous de l’instrument, l’autre posé sur une autre encore, une pression de la pointe actionnait au bon vouloir de la personne qui bougeait son corps les pédales pour créer différents sons et variations, rendant l’air encore plus beau et juste dans sa recherche de répliquer l’air original. Assis sur le canapé, servant un thé sur une petite table disposé dans un coin de la pièce, Yuzuru regardait sa maîtresse jouer de cet instrument, toujours charmée sans le dire cependant par les mélodies qu’elle jouait. Son adresse et sa subtilité rendait ce qu’elle jouait sur cet instrument si doux, que l’on aurait dit entendre une ode ou quelque mélodie aux airs divins. La subtilité avec laquelle ses doigts passaient d’une blanche à une autre, caressant a peine les noires sans les toucher, les gardant pour la suite, avait un quelque chose de calmant. Comme une alizée caressant l’instrument, ses doigts se posaient sur les notes comme un oiseau se posant sur sa branche pour admirer le paysage, et les sonorités sortants de l’instrument. Tout en continuant de jouer, la sourdine actionnée pour s’entendre parler, la pianiste entrouvrit les lèvres, ne quittant des yeux le clavier et ses mains, un sourire aux lèvres.
- Le savais tu, ma Yuzuru ? Lorsqu’une ou plusieurs personnes cherchent un coupable pour un tort qui leur a été infligés, sous prétexte d’un quelconque honneur ou devoir de vertu, ces personnes peuvent tuer femmes et enfants pour satisfaire leur envie justicière.
- Madame ?
- Lorsque quelqu’un s’en prend au bien d’un autre, ce dernier va vouloir se faire justice, prétextant sois un dommage à réparer, par n’importe quel moyen, sois un devoir de lois et de bon sens a faire appliquer. Ce dernier cas de figure fera alors tout pour assouvir son besoin, tant que son action sera à son sens en rapport avec sa vision de la justice. C’est ainsi que certaines religions tentent d’imposer leur culte a d’autres peuples, ou s’amendent de certaines tâches aux noms de ces lois. Si la personne pense sa cible préjudiciable d’une quelconque manière, elle appliquera sa sentence sur elle, même si celle-ci n’est pas liée directement à la cause du litige. C’est une forme hypocrite et inavouée de vengeance. Une preuve de lâcheté que l’on camoufle sous de bonnes paroles prétendant a une bonne action, au titre de quelques principes souvent propres à la seule personne qui les appliquent. Ce sera la une grande partie de notre lutte, ma chère Yuzuru.
Ce n’était pas les seuls à faire route vers une destination lointaine. Accompagné de Sir Kobayashi, Lady Shiina, faisait route dans sa calèche en direction de Yudanel, cité peut être pleine de promesse pour nos héros. C’est dans un état d’esprit serein et empli d’espoir que sir Kobayashi regardait à travers la fenêtre de la calèche les grandes étendues de verdure s’étendant des deux côtés de la route qu’ils prenaient. Le ciel était d’un bleu radieux et clair cette journée. Quelques nuages venaient tacheter cette voute de leur blanc immaculé et éparpillée dans les cieux. Ils avaient quittés les villes de l’empire, pour ensuite s’éloigner progressivement des terres de culture et des champs de l’empire, ou quelques fermes étaient encore visibles. Désormais, les grandes plaines les entouraient, sans rien aux alentours. D’un certain coté, ce petit voyage excitait le jeune homme. On lui avait vanté sans cesse pendant la journée de la veille cette cité prometteuse, aux innovations techniques et sociales fabuleuses. Il était emplie d’une joie certaine a l’idée de voir de ses propres yeux cet état, ou cette ville qui avait réussis à résister à la guerre et avait ensuite prospérer et continuait à faire le bonheur de ses habitants. Il avait également par conséquent du mal à croire à ce que Lady Shiina lui avait dit, a lui et au reste des membres du salon, sur cette terre promise.