Tel des loups ne lâchant pas leur territoire et des vipères attendant la moindre opportunité dans la plus petite parcelle de rue ou de maison, les hommes et les femmes de l’armée ne lâchaient rien. Chaque rue était un coupe gorge ou les soldats tiraient sur les royalistes, chaque couloir de maison, une épreuve ou les femmes armées de leurs sabres attendaient, derrière une porte ou n’importe quel meuble. Les forces royales étaient en supériorité numérique, leur nombre écrasait en force brute celui de la cité au milles promesses. Et pourtant, cela faisait déjà plusieurs heures que les combats avançaient toujours aussi lentement. Tout était défendu par les soldats. Personne ne lâchait prise. Même blessé, ou même avec un membre en moins, un soldat restait encore combattif du côté de Yudanel, et se jetait de ses crocs brisés sur son ennemi pour le tuer, sinon mourir avec lui.
Un nouveau bataillon arrivait sur cette porte, se préparant a un autre assaut sur ce côté de la ville. Les femmes voyant cela, adossés à leurs barricades de bois dans les rues fusils et épées en main, serrèrent les dents en voyant cela.
-Combien de soldats reste-il encore… !
-Hin, qu’ils envoient leurs chien…je ne suis pas encore morte.
Un bruit de canon, suivis de plusieurs autres se fit alors entendre. Une nouvelle salve d’artillerie vint mettre à terre à maison au bout de la rue de laquelle se trouvait les soldats. Parmi les pierres volants dans les débris de l’explosions, plusieurs corps de soldats, retombant inerte au sol, accompagnés de royaux, eux, bien vivants, et les ayant au passage vu retranchés. En ayant finis avec cette énième poche de résistance dans la demeure maintenant en ruine, les femmes se préparèrent au combat, pointant fusils et lames. Couvertes de sang et de poussière, exténués, leurs manteaux troués, elles ne lâcheraient rien.
Alors que tout allait les confronter, une tuile du toit de la rue, sur le versant gauche, leur indiqua la présence de quelqu’un. Une personne qu’elles entendirent courir sur le toit, qui glissa alors du haut de celui-ci en se rattrapant sur un fil à linge encore debout, placé à mi-hauteur, avant de retomber en tuant deux soldats royaux, décochant deux flèches dans sa chute avant de ce réceptionner sur ses deux jambes, les courbant et se redressant ensuite. Un arc boisé, renforcé de quelques tiges de métal, et équipé de deux lames dans la prolongation de la forme global de l’arc, un carquois emplis de flèches et une femme au regard déterminé. Il n’en fallut pas plus pour motiver encore plus les soldats restés en arrière, transformant leurs flammes en brasier.
Mais ils comprirent vite qu’ils n’auraient même pas à bouger le petit doigt en voyant cette femme faire. Décochant une autre flèche sur l’un des autres soldats, elle courut vers le groupe restant, avec au total quatre autres royalistes. Ceux-ci sortirent leurs épées, comprenant bien qu’un corps a corps était imminent. Le premier coup d’épée fut esquiver en courbant le corps, esquivant la lame horizontale avant de se relever et donner d’un grand mouvement un coup de lame dans la nuque des deux premiers soldats, pour enfin se retourner en chargeant deux flèches comme lors de son arrivée, et tuer les derniers avec une précision redoutable.
En quelques instants, le combat était achevé par une seule personne. Remettant son arc dans son dos, elle saisis le couteau qui était à sa ceinture, puis se trancha d’un coup sec la paume de sa main droite, assez pour laisser le sang couler et en faire tomber quelques gouttes sur chaque homme qu’elle avait tué. Les soldats retranchés s’approchèrent d’elle, la regardant d’un air choqué et étonné de son action passé et présente.
-Que faites-vous ?!
-Lorsqu’une balle tue quelqu’un sans se présenter, elle s’abaisse au niveau d’un voleur ou d’un mercenaire, ne donnant pas l’honneur à son ennemi de connaître l’identité de son adversaire, ni le courage de se montrer a nue. Je fais donc don de sang à mon ennemi, en guise de pardon.
-Impossible… ! Vous êtes une balle ?!
-Balle numéro sept, Zayin. Je dirige les opérations sur le terrain avec Het, balle numéro huit.
-Mince alors…Je ne vous avais pas vu madame, mes excuses.
Tournant son visage vers la porte à moitié détruite, l’unité en fit alors de même, regardant les nouvelles troupes arriver au loin.
-Combien nous envoient-il…On n’en voit jamais le bout. Ils tiennent vraiment à cette ville.
-Ce n’est pas la ville qu’ils veulent soldat. Je crains que ça ne soit la guerre. Il y avait plusieurs armées aux portes de la ville, avant la bataille. Plusieurs centaines de milliers, pour ne pas dire, un million d’hommes.
-Un million ?!
-Je ne pense pas que cela soit dut à la ville, ou à sa position. Je pense simplement qu’il s’agit de l’armée du roi au grand complet qui revient sur le front. Cette ville sera surement l’une des clés de voute à travers la ligne qui va se créer, et qui ne bougera surement plus beaucoup…
-Mais je croise de moins en moins de nos hommes, mais de plus en plus des leurs. Nos pertes sont sérieuses. Si l’ennemi continue comme ça, nous…
-Nous tiendrons. Il le faut. Nous avons fait serment. J’ai fait serment et juré de ma vie de défendre les intérêts de Dame Tokisaki, ainsi que celle de chaque habitant de notre cité.
Dit-elle en coupant la phrase du soldat, se tournant vers eux. Ses cheveux noirs courts, coupés à l’ origine d’une manière superbe, maintenant désordonnés comme le reste de sa tenue, et son visage se tourna vers cette unité qui semblait presque être la seule de la rue, ou même du quartier.
-Si nous perdons ici, nous perdront partout. Si nous lâchons nos efforts ici, notre armée n’en aura plus. Mais si nous défendons chaque brique, chaque lopin de terre avec la ferveur et la chaleur qui brule en nous, que nous a donné notre déesse Amaterasu, alors nous vaincrons. Et quand bien même je ne parviendrai pas à garder cette ville, je la garderais jusqu’à mon dernier souffle, en emportant avec moi le plus possible. Car c’est là, nôtre devoir ! Notre devoir en tant que soldat ! En tant qu’habitant de notre cité !
Faisant quelques pas en avant, la femme serra son poing, le vent secouant son manteau long décharné.
-Je ne suis pas folle, ni irresponsable. Je ne sacrifierai pas en vain la vie de braves soldats comme les vôtres. Je sais reconnaître une défaite, savoir donner le repli quand il le faut. Mais à cet instant, en ce moment présent…Nous avons encore bien assez pour nous battre.
S’approchant de la balle, les hommes et les femmes prirent alors tous un air de revanche, un sourire narquois aux lèvres. Ils prenaient presque cela à la rigolade désormais.
-J’ai encore un bras pour tirer et des yeux pour voir ces chiens de royalistes. Ce serait du gâchis que de fuir sans épuiser mon stock.
-Hin, parle pour toi. Je paris que j’en descendrais plus que toi maintenant.
-C’est un défi ?
-Pour qu’il y ait défi, il faudrait qu’il y ait concurrence.
-Bien, voyons donc dans ce cas !
Une nuit enflammée s’annonça alors pour les deux camps. Acculés, littéralement au pied du mur, les soldats de Yudanel n’allaient rien laisser, quitte à se mordre et décrocher une patte pour quitter le piège dans lequel ils étaient depuis plusieurs heures maintenant. Alors dans le quartier rouge de la ville en compagnie de « Lady » Syoko, Sir Desquen était attablé face à elle, soupant dans une belle enseigne du quartier. Du moins, belle pour le milieu où elle se trouvait. Assis tout deux autour d’une table, l’homme aux manières distinguées semblait presque être le père de la jeune fille, au vu de leur écart d’âge.
-Yudanel est officiellement entré en guerre contre le roi. Je suis curieux de voir le résultat de cette guerre qui fait tant parler.
-Beaucoup de bruits pour si peu, assurément. De par sa taille et ses faibles liens avec ses voisins, Yudanel est condamné.
-Nous verrons combien de temps cette grande cité-état agonisera avant de se rendre. Oh, j’y pense. Cela n’a rien à voir avec le sujet, mais j’ai quelque chose de prévu pour cette nuit. Aussi, vous rentrerez sans moi.
-Très bien.
-Je suppose que vous avez déjà pensé à quelques sujets pour ce classement dont nous a parlé sir Kobayashi.
-J’ai quelques idées, il est vrai. Mais peu sont vraiment bonnes.
-Dans ce cas nous réfléchirons à cela ensemble une nouvelle nuit.
-Je n’en demande pas moins, mon cher.
-Haha, entendre ce terme de vos jeunes lèvres est toujours à la fois amusant et drastiquement aguichant.
-Je suppose que je dois prendre cela en bien.
-Bien évidement.

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