La comtesse se plaça alors en garde. En voyant la jeune femme s’approcher, elle monta sa garde, se préparant à un combat au corps à corps. Voyant cela, Yamai cessa ses pas, regardant de bas en haut puis de haut en bas la femme.
-Oh, je comprends. C’est une bonne idée. Peut-être que votre instinct de combat éveillera votre potentiel.
Une fois à quelques mètres d’elles, Yamai se mit elle aussi dans une position de combat, inconnue aux yeux de la comtesse cependant. La jambe arrière fléchie, et l’avant tendu, avec les deux bras tendus, mettant de chaque côté les mains à la verticale. La femme voyait alors dans cette garde bien atypique une foule d’issues et de possibilités d’attaque. Elle voulut saisir cette occasion, tout en restant prudente. Faisant prudemment quelques pas autour de la femme qui décalait également sa position pour rester face à la comtesse, elle l’observait sans rien dire. L’une ayant les mains et pieds en feu, l’autre les bras couverts de flammes noires.
Soudain, ce fut l’attaque. La comtesse fit deux pas en avant et engagea les hostilités. Mais a son propre étonnement, la femme contra sa tentative de casser sa garde avec brio. De là, le combat s’engagea alors contre les deux femmes. Toute deux firent preuve d’adresse et de technicité dans ce combat. Cependant, l’une des deux femmes était peut-être plus en difficulté après quelques minutes de combat acharné. L’autre la regardant de son air passif, calme, à la limite du stoïcisme, ne lâchant également rien.
-(Cette femme réussit à me pousser au pied du mur. Ce n’est pas une balle…Il y a donc plus fort que ces femmes ? Je ne dois pas me laisser avoir.)
Tout en pensant cela la jeune femme sentait bien que son terrain diminuait peu à peu. La sueur sur son front due à son effort et à la chaleur des flammes de Yamai, proches d’elle, perturbait sa vue. Ses membres se pliaient sous l’effort continu qui commençait alors à peser sur ses gestes, devenant moins vif, plus lourds et moins incisifs. Commençant à sentir le poids de ses membres face à une ennemie qui elle, semblait comme à la première minute, elle réfléchit alors à une solution pour désengager le combat et pouvoir s’échapper de cette voie, qui ne jouait plus en sa faveur. Pensant cela, elle voulut asséner un coup décisif. Elle pensait bien cependant qu’il serait paré, mais elle espérait que le choc produit par sa force nouvellement acquise pourrait l’aider à déstabiliser un tant soit peu l’adversaire pour lui permettre de se retirer. Tirant sur sa jambe droite, elle effectua une demi-rotation sur elle-même et esquiva de justesse le coup de poing de la femme, avant d’arriver de côté face à elle et tenter un coup vif et direct avec son poing droit.
-(J’ai réussis. Je vais pouvoir… !)
Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase dans son esprit, quand de ses yeux, elle vit la femme parer de sa main libre son coup, se déplaçant sur son flanc gauche. Quand elle vit Yamai se baisser, elle se retint de pousser un cri de rage et de colère, son esprit lui disait qu’il était trop tard, quand enfin, elle vit le poing de la femme se fermer et se loger sur ses côtes. Ses yeux grandirent d’un seul coup, ses pupilles se rétrécirent et sa mâchoire se serra pour tenter de donner une contenance à la douleur. Faible contrepartie face au poing enflammé qui vint expédier la femme droit contre une dune non loin, lui faisant traverser les quelques mètres de sable avant de la laisser chuter au fond d’une tranchée sablonneuse. De coté sur le sable, les flammes noires de la comtesse disparurent alors lentement, avec sa respiration, haletante, sifflante. Le coup porté avait été d’une intensité telle que la femme n’en avait jamais senti de pareil. Portant une main sur le sable pour essayer de se relever et l’autre à sa poitrine qui avait reçu le coup, elle ne croyait pas sa douleur.
-(Hugh… ! Comment est-ce possible ? Je me suis fait projeter d’un simple poing…C’est là la force de ces pièces… ?)
-Comtesse Scarlet. Je dois admettre que j’attendais mieux de votre part, d’une personne de votre rang.
-Comment…suis-je censé faire…sans connaître ce pouvoir…hugh…
-Mais vous le connaissez, comtesse. La Pièce Lunaire a répondu à votre esprit. Vous savez comment l’utilisez. Seulement, vous restez trop focaliser sur ce que vous connaissez.
Maintenant devant la femme qui était encore étendue sur le sol, ne parvenant pas à se relever, Yamai éteignit alors ses flammes en la fixant.
-Ouvrez votre esprit, comtesse. Ne regardez pas ce qui est visible.
-Quoi… ?
Posant sa main sur le visage de la femme, elle redit alors sa phrase, plus sérieuse, mais toujours sur ce ton calme et froid.
-Ouvrez votre esprit.
Juste après cela, la main de la femme se remit à bruler d’une flamme intense qui enveloppa son gant et le visage de la comtesse, qui hurla alors de douleur. Les flammes semblaient faire effet sur son visage, comme un feu classique. Elle se débattit alors comme un animal que l’on étriperait, agitant ses pieds et saisissant le bras a de Yamai de ses deux mains. Mais la « gouvernante » ne bougea pas d’un poil continuant en laissant les cris de la femme résonner à travers le désert. Plusieurs minutes passèrent ainsi ou la femme tenta de se débattre, en vain. Peu à peu, ses muscles déjà fatigués cessèrent de se débattre. Son corps devint alors inerte, et sa voie se tut, au fil de ses cris entrecoupés. Après quelques instant sans bruit, Yamai ota sa main du visage de la comtesse.
Son visage était intact, parfaitement conservé. Inconsciente, la femme fut laissé ici par Yamai, qui, se relevant, la regarda une dernière fois avant de disparaître. La nuit était calme. Ce dernier était retombé dans le désert. Quelques dunes se mouvaient avec le vent, ici et là, laissant un léger bruit sablonneux, lent et doux. Puis, après plusieurs heures, un mouvement. Un être se réveilla, dans le noir, sous le soleil qui se levait alors. Il chercha son corps, le trouva de ses mains et de sa sensation, mais pas de sa vue. Alors que la chaleur et l’astre qui prodiguait sa lumière sur le continent commençait son ascension dans le ciel, elle, était toujours plongée dans l’obscurité. Des ténèbres ou Yamai l’avait condamné. Quand elle se rendit compte de cet acte, elle hurla alors de rage et de colère, maudissant dans le même temps tous ses ennemis et cette femme qui lui avait fait cela.
Plusieurs jours passèrent alors, depuis cet évènement. Le comte de Potaxe revint ensuite au salon et noua une certaine amitié avec Sir Kobayashi. Il était attaché et affectueux envers lui, et réciproquement. En cause, une attirance mutuelle non pas l’un envers l’autre, mais envers leurs penchants. L’on pouvait plutôt qualifier cela d’attirance commune pour une perversion certaine. Ravi d’avoir un compagnon avec qui partager cela, Sir Kobayashi put se permettre d’en parler plus librement, parfois même avec des interventions du seigneur Desquen et Lady Syoko. Ils échangèrent ainsi librement et presque sans tabou leurs désirs et idées, anecdotes et récits à ce propos.
L’effet produit par ces discussions fut une légère disparition de certains membres, comme Lady Ecleasia ainsi que sir Skyfor. Cette envie était également partagé par Miss Anyerius, qui vint les premiers jours et, prétextant une nouvelle et forte migraine dut a ses maux, resta alitée plusieurs jours d’affilés pour éviter ces discussions qu’elle trouvait peu intéressantes. Ainsi, à défaut de certains membres, les relations entre sir Kobayashi et le comte de Potaxe étaient alors au beau fixe. Une autre personne manquait à l’appel, et ceux, avant même le premier retour du comte. Absence qui fut cependant justifié également dans la foulée par les mêmes raisons que celles des autres membres.
Cette personne, actuellement alitée tout comme miss Anyerius, mais pour des raisons véridiques, dormait alors à poings fermés. Desséchée, maigre, fiévreuse, elle semblait atteinte de tous les maux qu’une femme pouvait attraper. Cependant, ses yeux et son esprit trouvèrent la force de se réveiller, sortant de leur torpeur plus que de leurs sommeils. Mais cette torpeur ne la quitta qu’à moitié. Elle sortit d’une obscurité inconsciente pour en retrouver une autre, cette fois ci consciente. Elle entendit autour d’elle quelques bruits environnants, semblant de nature plus que simplement naturelle. Juste sur sa droite, elle entendit des bruts d’eau coulante. Ils n’étaient pas constants, mais séquencés, alternés par quelques autres bruits aquatiques, plus doux et calme, accompagnés de quelques bulles. Comme si l’on plongeait quelque chose, pour ensuite le sortir. Elle en déduisit ensuite a la sensation de froid et d’humidité sur son front, que l’on avait simplement mouillé une serviette puis essoré celle-ci, pour la poser sur le front de la femme. Elle tourna alors le visage sur la droite, entendant encore quelques bruits d’ustensiles. Il était alors aisé de deviner que quelqu’un était là, juste à côté d’elle, pour avoir également posé la serviette sur elle.
-Ou suis-je…Qui êtes-vous…
-Toujours dans le désert, avec ma tribu.
-Vous me…comprenez ?
-Oui. Nous parlons les langages des pays environnants.
-Que m’est-il…Arrivé ?
-Je n’en sais rien. Nous vous avons trouvé dans le désert, inconsciente. Assoiffée et affamé, mais aussi malade. Les nuits de froid alternées a la chaleur du jour on dut vous rendre malade. Votre robe est à moitié brulée.
A cette remarque, ce qu’elle pensait encore avec un espoir, elle-même le sachant, vain, disparut. Tout était alors bien réel. Sa rencontre avec cette dénommée Yuzuru Yamai, son combat et sa défaite, suivis de cette horrible expérience et douleur découlant de ladite expérience, si l’on pouvait qualifier la chose ainsi. Elle se rappela alors de sa douleur, physique et psychologique, et la rancœur qu’elle avait alors endormie avec son propre corps, ressurgit d’un coup. Ses poings se serrèrent tout comme les muscles de son visage. Elle bouillonnait et avait envie de frapper, voir tuer quelqu’un. Cependant, après quelques instants ou elle sentit les mains de la femme qui lui avait parlé sur son corps, elle fut alors un peu plus apaisée. Elle reçut un massage de la femme, supposait-elle, sur ses membres meurtris et brulés.
-Merci de m’avoir secourut.
-Vos mouvements de bras sont hésitants. Vous êtes aveugle ?
Aveugle. Ce mot qu’elle n’avait pas encore entendu à son encontre, mais qui venait de sortir de la bouche la femme. Ce mot résonna alors comme une véritable sentence pour elle. La mise à mort de sa vue, et de tout ce que cela impliquait. Plus de vue de son domaine, plus de vue de ses amis ou sa famille. Plus aucune vue de ses champs interminables, ces vertes prairies et forets, ce bleu céleste et de l’eau ruisselante. Elle savait qu’elle perdait un sens, et pas des moindres. Un sens qui la privait alors de la plus grande des opportunités et dons que la vie faisait a l’être humain. Cet aspect inné qui permettait de reconnaître sans parler ni entendre une personne, un lieu, ou un objet, lui avait été retiré de ses faculté. Il lui avait été non pas volé, mais purement et simplement détruit par une femme, en quelques minutes. Les dernières paroles de celle-ci lui revinrent alors en plein visage, aussi violemment que la main qu’elle avait porté à son visage.
-« Ouvrez votre esprit ».
- (Que voulait-elle dire… ? Est-ce pour cela qu’elle m’a rendu aveugle ? Je me focalise trop sur ce que je vois…ce pouvoir fait donc appel a d’autre sens ? … Je dois ressentir…Cette force. Oui. Je dois la sentir, l’apprivoiser. Pour m’en servir contre elle. Contre eux. Je vais faire de cette force mienne. Une fois cette chose faire… Je prendrais ma revanche sur tous ceux qui m’ont causé tort, de près ou de loin. Le nom des Scarlet sera redoré et ils sauront ce qu’il en compte de s’y attaquer. )

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