Immédiatement à la vision de l’intérieur de la bâtisse, la femme eu l’impression d’être, pour une raison inconnue, dans l’une de ses visions. Ses yeux s’écarquillèrent alors, son corps ne bougeait plus. Elle demeura ici, à l’entrée de l’église, écoutant les paroles des chorales. Son esprit ne prit pas la peine de voir ce qui était autour d’elle. Les vitraux aux chaudes couleurs représentant la déesse Mokou, ici sous un autre nom, chaudement éclairés par tous les cierges et les chandeliers sur les piliers soutenant le toit. Ledit toit, en arc de voute, décoré et sculpté de manière admirable, laissant sur celui-ci de somptueuses et immenses peintures montrant des scènes divines. Son corps se mit ensuite à bouger de lui-même.
Elle marcha alors d’elle-même, gardant cet air hagard, comme envouté par une force supérieur. Ses sens bouillonnaient. Le chant des chorales situées derrière l’autel, majoritairement féminines, montant alors au ciel, parvinrent également à ses oreilles, transcendant sa perception de la musique et de ses croyances. Un grand mécanisme s’enclencha alors en elle. Soudain, les larmes lui vinrent. Une raison inconnue, pour une situation irréaliste. Mais elle se laissa porter, préférant faire ce qui lui semblait sur le moment, naturel. Dans l’ordre des choses.
Ce langage lui parvint soudainement clair, perceptible et doux, sans pour autant le comprendre. Ces mots, ces phrases, cette sonorité si particulière, si chaude, à la fois tranchée et douces dans ses forcements, arrivait directement en elle. Elle ne se sentait pas comme une intruse. Elle était à sa place, en paix et en harmonie avec ses sens et son esprit.
Un sentiment et une sensation indescriptible. Une sensation incroyablement mystérieuse, comme si son corps et son esprit rentraient peu à peu en transe. Arrivée juste derrière le premier rang de personnes priants, elle cessa sa marche, levant le visage. Elle fixa alors de ses grands yeux gonflés le vitrail sur la vitre au fond de l’église. Le même que sur celle où se trouvait le duc, représentant une femme dans une grande robe rouge, cheveux bruns ornés d’un disque jaune faisant étrangement penser au soleil. Et c’est ce soleil qui inonda alors sa vue. Sa vue se brouilla alors, et ce disque semblait comme réel, l’aveuglant jusqu’à emplir sa vision d’une grande mer blanche, de laquelle elle ne voyait rien. Comme plongée dans un scintillement constant au cœur d’une étoile.
C’est alors que la lumière disparut presque instantanément, pour laisser la femme reprendre ses esprits en une fraction de seconde. Balayé avec le vent qui fit chavirer sa charlotte au sol, elle regarda alors autour d’elle, une main devant ses yeux pour reprendre ses esprits et se protéger du vent. Un désert, a perte de vue, tout autour d’elle, de l’angle qu’elle avait. C’est alors qu’elle vit, haut dans le ciel, une lumière, pareille à celle qui l’avait aveuglé alors, brillante, mais sombre à la fois, comme une éclipse.
Elle n’eut pas le temps d’admirer plus que cela le paysage, car la femme entendit alors arriver derrière elle un projectile. Elle put l’esquiver de justesse, laissant le sable se vitrifier sur la position de laquelle elle était. Dévalant une dune de sable, elle vit au loin, a environ cinquante mètre d’elle, la personne qui avait surement fait cela. Elle était gravement choquée.
-(C’était…du feu ?! Impossible !! )
Pensa-elle avant de voir une lueur dans la main de cette femme. Lueur qui se transforma en ardente boule de feu qui vint droit sur elle. Par réflexe, et n’ayant pas d’autres choix, la comtesse fit barrage avec ses deux bras, les yeux plissés de toute ses forces. Après quelques instants, un silence s’installa. Elle gardait toujours son regard fermé, plongé dans le noir, son corps bloqué en position défensive. Mais elle se sentait toujours vivante. Elle sentait son cœur, son corps, sa respiration, le poids de son corps. Lentement, elle rouvrit alors les yeux, ne voyant plus la silhouette au loin. Elle ne pouvait plus voir au loin, car ses bras la protégeant étaient recouverts de flammes noires. A nouveau, la comtesse, bien que toujours maître de soi, ne put s’empêcher de pousser un cri, certes d’horreur ou de terreur a ce spectacle la touchant directement, mais surtout d’étonnement. Des flammes noirs, se tortillant sur ses bras ou plus aucun vêtement ne subsistait, « brulaient » directement a même sa peau, presque sans bruit, si ce n’était celui du mouvement naturelle que les flammes faisaient.
-Quel est donc cette malédiction !! Je suis donc maudite ?!
-Vous n’êtes pas maudite. Vous avez été choisi.
Prononça alors une voie quelque peu grave, mais surtout très calme, douce, atténuée. Presque chuchotant, mais toujours audible a ces quelques mètres de distance. La comtesse se braqua alors immédiatement en direction de cette voie et put voir, à quelques mètres d’elle sur sa droite, une femme. Grande, belle, habillée d’un long manteau rouge sang aux bordures et boutons noirs, dans son style très militaire, il gardait cependant une initiative religieuse, avec ces deux soleils noirs sur chaque épaule, placée comme des grades, ainsi que la coupe au-dessous de la taille, ressemblant étonnement a ceux des prêtresses, mais ouvert à l’avant pour donner une coupe également « urbaine », taillé pour la vie de tous les jours. De longs cheveux roux bouclés, ornant l’avant du visage de deux longues boucles entortillées, des yeux d’un gris argenté, et enfin, une pièce dorée accroché à sa hanche gauche, par de longues et solides chaînes sortant de sa ceinture.
-Cette amulette ! On dirait la mienne ! Ou l’avez-vous eu ?!
-Cette question me sied d’avantage, et je vous la pose à vous, porteuse de la Pièce Lunaire.
-« Pièce Lunaire »… ? Alors, c’est le nom de cet artefact ?
-C’est exact. Vous ne le saviez pas il semblerait.
-Quelles sont ces flammes sur mon corps ?!
-L’énergie de la Pièce Lunaire qui vous a été conférée. Tout comme les pouvoirs de la Pièce Solaire m’ont été confiés.
-La Pièce Solaire ? Il y en a d’autre ?
-Seulement ces deux-là.
-Vous dites que j’ai été choisi ! Par qui ? Et qui êtes-vous ? Je suis la comtesse Rémilia Scarlet ! Vingt-et-unième héritière de la famille Scarlet !
-Je suis Yuzuru Yamai, descendante directe du clan Yamai, gardienne de mon clan maître.
-Qui est ?
-Vous n’avez pas encore la prétention d’entendre le nom de ce clan.
-Comment me suis-je retrouvé ici ? J’étais dans une église il y a quelques minutes…Nous sommes toujours le même jour n’est-ce pas ?
-Comtesse, vous parlez trop. Videz votre esprit de ces futilités et tachez de survivre.
-…Survivre ?
-Ma maîtresse a de grands projets pour vous. En tant qu’héritière de la Pièce Solaire qui m’a été donné, j’ai reçu la tâche de vérifier si vous pouvez représenter un potentiel élément dans son dessein.
-Son dessein ? Me voyez-vous comme le rouage de votre pseudo machination ? Vous osez m’insulter en croyant pouvoir me réduire à cela. Je vais vous faire regretter ces paroles.
Ouvrant la paume de ses deux mains desquelles deux grandes flammes naquirent, tout comme dans ses yeux ainsi qu’à ses pieds, la chaleur augmenta en flèche, l’air crépitait autour d’elle, et le sable se vitrifiait à nouveau.
-Dans ce cas, vérifions cela, comtesse Scarlet.
Voyant ces flammes apparaître dans les mains de la femme, la comtesse regarda à son tour les siennes, ses yeux priants et pressés. Elle voulait également en faire de même. Mais ses mains ne répondaient pas à ses demandes. Rien n’apparaissait qui n’était pas déjà là. Comme une enfant, elle plaça avec rage son bras droit devant elle, sans effet. Elle vit alors que Yamai en fit de même, mais pour son cas, un torrent de flamme apparut alors et vint se ruer sur la comtesse, telle une colonne de flamme. La jeune femme fit alors un saut de côté, épargnant son corps de la dégradation, mais pas les excédents de tissus de sa tenues, désormais inexistants, roussies ou encore fumants. Son opposante s’approcha alors d’elle, descendant la dune de laquelle elle était, ses deux mains baignées dans des flammes ardentes, fondant les grains de sable sous ses pas.
La comtesse regarda alors le cratère formé par l’explosion qu’elle avait évité, et vit encore les flammes bruler au beau milieu d’un sable. C’était pourtant impossible selon les lois de la physique. Selon des lois vraisemblables. Se relevant d’un air calme et des plus préparé, elle regarda son opposante arriver, fronçant les sourcils.
-(Cette Yamai me domine en tous points. Elle a la pleine maitrise de sa pièce. Elle pourrait surement me tuer en quelques instants mais elle s’amuse à me voir courir de tous côtés. Elle me sous-estime. Je dois saisir cette chance pour lui faire ravaler son égo. Si seulement je savais comment faire de même.)
-Que se passe-t-il comtesse. Vous semblez hésitez quand à votre prochaine action.
-Peut-être serais-je plus confiante si je savais user de la même force que vous.
-La même force ? C’est impossible. Nos deux armes sont chacune la face d’une seule et unique pièce. Vous ne pouvez avoir mon pouvoir. Mais vous pouvez avoir le vôtre. Quand a son utilisation, ce n’est pas un un acquis, c’est inné. Ce n’est pas quelque chose que l’on explique, mais quelque chose que l’on ressent.