Taihai No Gyokuza

-Voici donc tes nouveaux prototypes ?
-Plutôt le seul à vrai dire….heu…le casque est là pour validation. C’est un bon casque que j’ai remanié pour qu’il soit plus efficace pour nos hommes. Le sujet sera le fusil. Je suis partit des plans d’un mousquet classique et je me suis dit que pour votre nouvelle unité de tireuse expertes, il fallait qu’elle puisse avoir une arme plus puissante, et si possible qui tire de plus loin pour les embuscades. J’ai donc forgé un fusil entièrement métallique, avec certaines parties allégées, et j’ai équilibré le poids du mieux que j’ai pu... Ah ! Ensuite, j’ai changé le type de munition, ou plutôt la forme. Je me suis inspiré de l’ancêtre du fusil si l’on peut dire, l’arc. Les flèches étaient pointues pour mieux voler, et mieux tuer, mais également car leur pointe a dent empêchaient de les retirer sans souffrance. J’ai gardé les deux premiers aspects et j’ai fait couler des balles pointues à base plate pour mieux tasser la poudre. La dose a été d’ailleurs augmenté pour donner plus de poussée au projectile, d’où le renforcement du canon en métal. Cependant, je travaille toujours sur un système pour la poudre et les balles. Il faudrait pouvoir en mettre plusieurs à la suite sans en remettre une après avoir tiré, pour ne pas cesser le tir. De même pour la poudre. En toute logique, il faudrait que les deux soient réunis…mais je ne trouve pas encore de solution viable…Enfin, bref ! Pour en revenir au fusil, j’ai également eu l’idée de prendre une longue vue que les capitaines utilisent. Je l’ai ensuite modifié pour la fixer sur le canon et j’ai essayé de dessiner de manière égale et symétrique une croix au bout de celle-ci, pour viser.
Saisissant l’arme de ses deux mains, soulevant et laissant ses bras se baisser comme pour jauger sa masse, la Duchesse mis la crosse a son épaule et se mit en position de tir, vers le plafond, regardant dans cette longue vue modifiée. Elle put effectivement voir une croix noire semblant au centre du réticule.
-Ce serait à travers cela que l’on vise ?
-C’est exact. Cependant, le problème principal et que le viseur et légèrement au-dessus du canon. Ce qui fait que la balle tirée arrivera un peu en dessous de l’endroit visé. Cependant, ce modèle a une lunette quelque peu inclinée pour ce souci.
-Mais la convergence est changeante selon la distance non ?
-Oui. Tout a fait madame. J’ai donc également pensé…a un système pour faire se pencher plus ou moins la loupe avec ses petites visses ici…la…
Dit-il en montrant à la femme qui tenait le fusil. Effectivement, une visse qui tenait la loupe sur le support fixé sur le dos du canon fit pivoter la loupe, qui se baissait ou se relevait alors. Elle remarqua également quelques chiffres sur cette sorte de molette.
-Qu’est-ce donc que ces chiffres ? Des valeurs ? Pour mesurer ?
-Oui, pour choisir l’angle d’inclinaison. Comme cela, les soldats auront à choisir la distance qu’ils souhaitent.
-Mais on ne peut pas deviner la distance entre nous et la cible comme cela.
-Non, effectivement. Cela se base sur le jugement de la personne qui tiendra le fusil. Le fusil a une portée certaine avant que la balle ne dévie de sa trajectoire, mais je n’ai pas le chiffre exact. Alors… ? Qu’en pensez-vous ?
-Tu as trouvé ça tout seul ?
-Une nuit, alors que je regardais les constellations avec ma lunette astronomique…pour être honnête.
Prenant alors un sourire en coin en regardant le jeune garçon qui devait ne pas dépasser les vingt ans, elle regarda ensuite le fusil pour lui tendre et le regarder à nouveau, un sourire plus grand encore.
-Tout bonnement incroyable. Tu es incroyable.
A ces mots se passants de commentaires tant ils étaient simples, mais fort, le jeune homme prit une teinte rougie sur ses joues. Il venait de se faire féliciter par la dirigeante de son pays. Il s’inclina alors droitement, touchant presque le sol avec son nez, son fusil encore en main.
-Merci beaucoup madame ! C’est un honneur ! Vraiment… !
-Rend ce fusil présentable, bien solide avec toutes ses parties bien fixées et quelques renforts, pour les missions mouvementés. Duc Thousand, je vous laisse créer une unité de tireuses ou de tireurs pour tester cette arme et, si elle s’avère fructueuse, les former à son maniement. Si tel est le cas, formez un bataillon complet de soldats équipés de cette arme. Une arme capable de faire tirer un homme a une grande distance, le rendant ainsi presque caché, et avec une puissance plus grande…pourrait changer le cours de cette guerre…non, le cours de la guerre elle-même.
Elle regarda ensuite le chercheur qui venait d’inventer une possible arme révolutionnaire, tendant son bras vers lui, tel un mécène proposant son aide à son apprenti.
-Mon cher, je vais exporter votre idée ! Si les tests sont concluants, je veux que vous fassiez des essais avec des boulets de canons de la même forme que vos balles, et pourquoi pas même, reprendre le procédé de ce fusil, créant des canons plus grands, plus lourds, métalliques, plus puissants ! Qu’en dites-vous ?
-Je servirais mon pays et vous-même aussi longtemps que possible !
-Alors c’est décidé ! Parfait !
Dit-elle en quittant la pièce, laissant les dernières formalités aux deux hommes. Une fois dans le jardin qu’elle emprunta pour aller jusqu’à destination, elle ne quittait pas son sourire jubilatoire.
-(Cette arme, si elle s’avère concluante, nous donnera un avantage incroyable. Et si nos canons en bénéficient, qui sait ce que ce pays pourra faire. La pièce Lunaire ne sera plus qu’un obstacle que je balayerai, moi ou Yuzuru, et ce pays, ainsi que tous les autres, n’oseront plus attaquer cette cité. Magnifique. Tout bonnement magnifique !)
Elle ne put s’empêcher alors de laisser passer entre ses lèvres un léger rire à la fin de ses pensées. Alors occupée en pleine journée avec d’autres hommes de joie, sortant de l’enseigne en remettant son pantalon en place, le grand joueur du casino que nous avions repéré il y a peu descendit les quelques marches du perron de la demeure d’où il sortait avant de prendre une voiture, galopant dans une direction bien précise car les routes qu’elle empruntait étaient les mêmes que certains membres prenaient pour se rendre au salon. Relisant la petite note que la serveuse lui avait apportée, il finit par arriver dans cette allée si connue. Faisant arrêter la voiture devant la demeure de Lady Cora, l’homme la regarda alors depuis la fenêtre de sa voiture, se décalant légèrement sur la droite pour écarter de sa main le petit rideau rouge. Il observa la demeure, un léger sourire en coin, avant de toquer contre le mur derrière lui. A ce signal, la voiture repartit alors, et l’homme se replaça au centre de sa place. Il n’était pas descendu de la voiture, ne s’était pas présenté au salon, qui était alors emplis de presque tous ses membres, a l’exception de certains.
Ainsi, presque tout le monde était présent dans ce salon. Et l’une de ces personnes était justement dans les pensées de la Duchesse. En fait, elle l’était même exclusivement, au centre même de son esprit. Elle pensait à elle de toutes ses forces, pliant alors les chandeliers de la grande salle où elle était. Les yeux fermés, les paupières calmes, une main placée juste au-dessus de sa pièce, la femme semblait effectuer quelques rituels et pratiques, toujours en gardant ses pensées fixées sur la comtesse Scarlett. L’atmosphère de la pièce où elle se trouvait était devenue pesante, chaude et lourde. La pièce était disposée sur une simple table. Un meuble certe de belle facture, mais sans artifice supplémentaire ou d’autres superflus de rituel comme des bougies ou d’anciens livres de pratiques étranges. Concentrée, la Duchesse rouvrit ensuite lentement ses yeux, ses paupières s’adoucissant. Son front cessa de se crisper, sa peau se détendit et son doux visage revint, fidèle à lui-même, et a elle-même.
Juste après cette session, l’air de la pièce s’adoucit également. Il revint à la normal, s’accordant avec l’atmosphère des autres pièces, et c’est à ce moment que la gouvernante de la femme rentra dans la pièce.