D’autres au contraire en profitait alors pour profiter de cette belle nuit sans nuage qui s’offrait alors à eu. A la lueur de la lune, filtrée par les branches de l’arbre sous lesquelles elles se trouvaient alors, certains profitaient toujours de ce début de nuit, ou de soirée plutôt. Assise sur une grande draperie, une guitare en main, jouant de doigts aussi subtils que les notes sortant de la caisse de l’instrument, la mélodie qui était jouée accompagnait alors le chant de la femme qui s’agitait au côté de la joueuse, effectuant même quelques légers pas de danse dans un Kimono blanc et rouge. Les cheveux noirs détachés, ondulés et accrochés d’une simple broche dorée, les pieds nus balayant l’herbe fraiche trempant dans l’eau de l’étang non loin, elle dansait à la manière d’une prêtresse, la lune étant son sacral public.
Tout le jardin était calme, l’eau était sans imperfection, même les poissons dormant alors. Le vent n’était plus. Seul demeurait le couple de musiciens à l’extérieur. Musicienne et chanteuse, profitant toute deux de cette somptueuse nuit pour effectuer cette joyeuse mais pour la moins mystique prière. Chantant alors parfois les deux mains sur le cœur, les yeux fermés, la Duchesse se laissait porter par ses propres paroles, sa propre voie, montant jusqu’aux cieux avec la mélodie de l’instrument, profitant seule, avec la joueuse, de ce moment intime, sacré et simplement superbe. Ses manches blanches cousus de lanières rouges flottant dans ses mouvements de bras, une aura douce, apaisée et sacré se dégageaient de la danseuse.
Les doigts de la joueuses étaient toujours aussi réguliers, précis, venant frotter les cordes de leur douce peau, rigidifié par ce contact fréquent au manche de l’instrument et à ses cordes. Ses yeux n’en avaient que pour sa mère qui dansait alors face à elle. Mais malgré tout l’admiration et le sentiment qu’elle ressentait alors à ce moment, ses mains ne faiblissaient pas à la tâche et ne commettaient aucune erreur. Jouant avec exactitude et beauté, la mélodie était aussi parfaite que la danse de la femme, dont les mouvements, les gestes et les paroles, s’envolant jusqu’au ciel nocturnes, étaient directement adressés à une personne précise, qui put alors dormir avec de plus douces visions à l’esprit cette fois ci, pouvant alors rêver, et non pas cauchemarder.
La mélodie terminée, et le chant retombé, les pas de la femme cessèrent tout comme les doigts faisant vibrer les cordes de la jeune fille. Se tournant vers sa fille, la duchesse posa alors ses deux genoux à terre devant elle, caressant la joue de sa fille de sa main droite.
-C’était un très beau air Okami. Tu l’as très bien joué.
-J’espère avoir pu vous aider à apaiser celle que vous vouliez atteindre, mère.
-Sans l’ombre d’un doute. Grâce à toi, elle dort surement d’un songe apaisé. Merci, ma chérie.
Prenant avec elle son instrument, la jeune fille se leva, puis partit après s’être incliné devant sa mère, qui demeura assise ici, non loin de l’étang. Une fois sa fille rentrée dans la grand demeure également proche, elle regarda alors le ciel noir un long instant, fermant les yeux en liant ses mains, un air anxieux et songeur, mais qui n’effaçait pas totalement l’apaisement qu’elle avait eu avec sa procession.
-(J’espère te rencontrer bientôt…)
Le lendemain matin, alors qu’une nouvelle séance démarrait au salon, chacun parla cette fois ci d’autre préoccupation que les contes et légendes de Ladfy Ecleasia, la principale intéressée n’étant pas encore arrivée. Elle arrivait quelques heures plus tard maintenant que sa relation avec Sir Skyfor avait été mise au jour. Servant le thé habituel a la comtesse sourire aux lèvres, la femme fut attirée par cette bonne humeur venant de la gouvernante.
-Vous semblez de bonne humeur, miss Anyerius. Votre nuit a elle été douce ?
-On ne peut mieux justement ! Je n’avais pas aussi bien dormit depuis longtemps. Cette nuit m’a fait un bien des plus appréciables. Je me sens pleinement consciente de tous mes moyens. J’espère qu’il en sera de même pour la prochaine.
-Je l’espère également. Ces cauchemars que vous faites semblent en effet peu appréciables.
-Toujours la même personne qui revient ? Avez-vous essayé de savoir qui était-ce ?
Demanda alors Sir Kobayachi a la concernée, ce à quoi le chevalier s’emporta de rétorquer.
-Allons bon ! Ce ne sont que des rêves, ils n’ont aucune signification !
-N’en soyez pas si sûr, chevalier. Cela demande une certaine attention, si une personne en particulier revient souvent. Certains penseurs sont très friands de ce sujet.
-Comment est-elle déjà ?
-Hé bien…elle est très belle, malgré le décor de brasier qui règne autour d’elle…elle porte une longue robe noir et rouge…avec un grand nœud sur le ventre, je crois…je la vois souvent de dos. Mais quand elle tourne le visage vers moi, un sourire des plus froids et sadique se dessine alors…Je vois souvent son œil jaune à travers sa couette….Je crois qu’elle en porte deux d’ailleurs. Ce que je vois de plus clair, c’est cet œil jaune, ou des aiguilles remplacent les pupilles…elle a une horloge a la place de l’œil entier…C’est à ce moment que j’entends le cliquetis d’une horloge qui devient de plus en plus fort, et que je me réveille en sursaut. Pendant ma maladie, je ne rêvais que de cela, et je ressentais presque la chaleur des flammes ou elle se trouvait.
-C’est déjà une bonne chose que de nous en avoir parlé, miss Anyerius.
Souligna alors Sir Kobayashi, un sourire à la lèvre. Lady Myuu en profita alors pour le regarder, un petit sourire joueur en coin.
-Et vous, Sir Kobayashi ? De quoi rêvez-vous ?
-Haha, ce n’est pas quelque chose à présenter à de jeunes filles comme il y en a ici.
-Un rêve de dépravation ?
Lança alors Sir Desquen avec la plus grande aisance, ce à quoi répondit positivement Sir Kobayashi, déclarant voir en rêve son ou ses plus grands fantasmes, qu’il n’énonça pas ici pour le bien de la chasteté, si elle s’appliquait cependant à toutes les personnes présentes ici. Alors que la conversation tourna encore autour de ce sujet, la comtesse, buvant comme toujours son thé, avait quelque peu lâché ce thème, plongée à nouveau dans ses pensées comme il en était fréquent depuis le dernier sujet de Lady Ecleasia. Il l’intriguait à un haut point.
Marié a un désir d’occupation du à la rénovation de sa nouvelle demeure, elle partit a nouveau à la bibliothèque de la capitale pour chercher d’autre ouvrages et document faisant référence à cette légende. De fil en aiguille, elle arriva jusqu’à des ouvrages d’archéologies, de grands hommes ayant parcouru le monde, et ayant publiés leur carnets de bords et journaux de voyages. Après avoir croisé toute les informations qu’elle avait récolté, elle mit la main sur un document archivé dans la bibliothèque, faisant état d’une pièce de métal ancienne et au symbole inconnue, trouvée dans les régions du sud. Cependant, l’inexactitude du document et le terme de « pièce de métal » étant plus que générique, elle décida d’emprunter celui-ci, et de préparer quelques affaires pour un petit voyage qu’elle notifia au salon, prétextant une affaire économique.
La comtesse qui s’était toujours quelque peu intéressé a ce genre d’écrits et de récits occultes et mythiques, ne savait cependant pas vraiment pourquoi elle s’intéressait autant à celui-ci. Elle pensait à tort ou à raison qu’elle cherchait n’importe quel moyen d’avoir sa vengeance face à ces « balles », ou peut-être même que cette légende lui permettrait de les revoir pour les tuer. Elle demeura songeuse jusqu’au départ qu’elle donna hâtivement, partant rapidement de chez elle en laissant sa demeure en construction.
Mais alors que les migraines de Lady Anyerius semblaient cesser, c’est à ce moment que Sir Kobayashi intervint, conseillant de la part d’un ami herboriste une conception a base de plantes et d’autres racines naturelles, pour guérir la jeune femme de son mal, sinon l’atténuer en complément de ses nuits semblant revenir à la normal. La gouvernante apprécie bien sur le geste, acceptant ce présent avec plaisir. Présent qui se présenta bien vite sous une forme de traitement plutôt qu’un cadeau. Mais en bonne gouvernante, miss Anyerius se montra reconnaissante chaque jour qui passait, se rapprochant de plus en plus de Sir Kobayashi qui trouva ainsi une raison supplémentaire de venir se présenter au salon Kutao.
Ce n’était pas une relation comme celle de Lady Ecleasia et Sir SKyfor qui s’instaurait alors entre eux. Personne ne percevait la chose comme ça. Cette relation basée sur une saine et mutuelle amitié à l’affection prononcée avait germé d’un mal qui perdurait, comme si, dans le malheur qu’il créait, il laissait volontairement entrevoir un soupçon de bonheur et de réconfort pour ses principaux protagonistes. Lui, antagoniste corporel, se laissait réfréner pour permettre à son hôte de trouver un soupçon de réconfort.
Ce progrès n’était pas le seul à se montrer du côté de la jeune femme. Comme désirant s’occuper l’esprit dans une occupation qui mettrait son esprit torturé à l’épreuve, et pas que son corps dans la confection de pâtisseries et la préparation de thé, elle s’intéressa avec Lady Ecleasia et Sir Skyfor a la mythologie Kutao. Tout le salon trouvait à ce propos bien étrange que le départ de la comtesse n’arrive de manière si coordonnée avec l’apparition de ce sujet, mais on pouvait également en dire autant au sujet de la grande rénovation, ou plutôt construction de son nouveau manoir. Aussi c’est tout naturellement que quelques plaisanteries et conjectures fantaisistes se placèrent sur le voyage de la comtesse, l’imaginant partir, non pas à tort, dans de lointaines contrées.
C’est ainsi que le salon se souda un peu plus entre ses membres, sans tenir compte du second ou Lady Cora passait le plus clair de son temps. Cependant, deux membres, en plus de ceux ayant annoncés leurs passages plus rares, se mirent quelque peu à l’écart pour des activités plus physiques, ou plutôt charnelles. Et c’était a nouveau Miss Syoko, qui avait annoncé vouloir se faire appeler désormais Lady Syoko, ce que Sir Delsquen fit le premier, s’écartant du salon avec elle. L’écart au sens premier du terme n’était pas approprié, car leur présence était au moins aussi importante que les habitués restant, mais leur présence était moins marqué que celle de Lady Ecleasia par exemple, qui revenait quant à elle sur le devant de la scène pour le dire ainsi.
En quelques jours qui se transformèrent en semaines, le seigneur et la « Lady » eurent une relation non avouée, depuis bien longtemps, caché aux yeux de tous, et que tous commençaient a voir, mais n’en parlant pas. Les raisons étaient multiples, de plusieurs origines et sous différents facteurs, mais la principale, commune à tous les membres, qui étaient tous sans conteste opposés à cette relation, était justement cette raison plus éthique que réelle. L’écart d’âge entre les deux protagonistes était considérable, et même non négligeable. Mais le peur de conversation portant sur ce sujet était de suite par le principal intéressé, qui reçut dans les prochains jours le soutient de sa « moitié ». Aussi, tous mirent sous silence cette histoire, faisant fi de ne pas la voir.
Ce fut alors, bien que personne ne le sache, la première histoire d’une longue série dramatique, qui était comme toute autre, masquée, mais dont l’odeur restait aux narines de tous.
Alors occupée quant à elle à lire quelques rapport, la Duchesse, ou Reine Tokisaki, en compagnie de son mari le Duc Thousand et Hei, avait sous les yeux plusieurs parchemins et rouleurs cachetés qu’elle avait déplié pour les lires. Après un léger instant de silence, le duc le brisa alors.
-Comme vous pouvez le voir, ma douce, la situation devient de plus en plus préoccupante.
-Mh…Il semblerait que notre tutelle sur leurs deux villes soit de plus en plus remise en cause par leur nouveau roi. L’ancien était plus compréhensif…et plus soumis également. Hei.
La femme se leva alors en claquant ses bottes contre le sol, raide comme une pique.
-Ha. Pour le moment, les troupes locales des deux cités ont essuyés deux embuscades sur leur convoi de ravitaillement venant de l’empire. Ils n‘ont pas pu récupérer l’intégralité des ressources. Malgré un mode d’attaque similaire au début de la guerre contre le royaume face à nous, le Roi dément toute implication dans cette attaque et la même qui a eu lieu sur la ville voisine, donnant la responsabilité à des brigands que lui-même chasse.
-Comment étaient ces « brigands » ?
-Le rapport parvenu les décrits comme une vingtaine d’hommes biens armés, épées à la main, habillés comme des paysans. Leurs techniques semblaient rivaliser contre les gardes des chariots et ils étaient coordonnés selon les rescapés.
-Alors il s’agit de l’armée.
-Madame ?
-Un groupe de paysan, armée d’épée. Fadaises que cela. A la fin de la guerre, nos exigences étaient si grandes que la monarchie ne pourrait équiper ses paysans d’épées. Ils peinent déjà à avoir du matériel agricole. La zone dans laquelle le chariot passe est une forêt justement choisis pour son chemin qui n’est pas découvert. Aucun cham aux alentours, et que dire de la coordination parfaite de ces « paysans ».
-Que souhaitez-vous faire, ma chère ?
Toujours en fixant son rapport, la femme ne décrocha pas le regard de celui-ci en se levant de son fauteuil.
-Renforcez le nombre de soldats pour défendre les chariots. Dites aux garnisons locales de se tenir prêtes à toute urgence et attaque de la monarchie, ou de n’importe qui d’autre. Envoyez également un régiment de nos femmes pour sécuriser les zones aux alentours des routes qu’empruntes les charriots.
S’approchant de la fenêtre de la pièce qui était ouverte, elle tendit alors le bras pour accueillir sur son bras simplement habillé d’une manche sur l’avant-bras, laissant le faucon pèlerin se poser sur celui-ci sans broncher. Elle prit alors la petite bandelette de papier sur sa patte tout en conduisant de parler.
-Nous allons pour le moment jouer au jeu de ce nouveau Roi. Je préfère attendre encore un peu avant de tenter quoi que ce soit. Continuez à surveiller ce front, et rapportez-moi chaque jour toute les nouvelles, même bannales.
-Comme vous le souhaitez ma douce.
-Je suis déjà bien occupée sur mon propre front…
Murmura-elle alors à voix basse, plissant légèrement les yeux. Mais alors que la situation proche de cette cité semblait prendre une plus grande ampleur qu’à l’accoutumée, c’était justement la comtesse qui était directement dans l’empire royale dont les frontières étaient communes a celle de Yudanel. Cependant, la femme ne s’intéressait pas à la grande capitale royale ni même à ses plus beaux centres de vie ou d’exploration. Assise dans sa voiture, alors que son voyage n’avait pas encore été terminé, accompagné d’une autre voiture emplis de soldats de sa garde personnelle, elle avait traversé presque tout le pays en travers. Elle se dirigeait alors vers les régions désertiques de l’empire, ou ses recherches l’avaient mené.
Les déserts qui animaient ces régions étaient complètement délaissés par le royaume, qui n’y trouvait aucun profit à faire, ni même aucune ville à bâtir, le climat chaud et sec ne favorisant pas vraiment cela. Une absence presque totale d’eau, tout comme de végétation, la vie suivait également ce chemin.
Seul quelques caravanes nomades passaient parfois, en de rares occasions, faisant le lien de ce côté-ci du royaume, entre celui-ci et les empires orientaux que l’on trouvait de l’autre côté de ses quelques milliers de page de désert. Heureusement pour la comtesse, elle put alors trouver dans cette région désertique ce qu’elle cherchait. Une personne. Ou plutôt, un groupe de personne. Peuple nomade ne se mouvant qu’à l’intérieur de ce désert, elle put les approcher. Et c’était par une nuit des plus glaciales, alors habillée d’un épais manteau de fourrure, assise avec ses hommes face au chef de cette tribu, qu’elle leur donna un manuscrit, sorte de carnet de voyage qu’elle avait fait pendant sa longue route, ayant écrit et compilé les plus importantes information au sujet de cette légende et de cette amulette. Le carnet était pour le moment assez mince en termes d’information, et elle se doutait que même le chef de cette tribu, dont le visage était animé par le crépitement des flammes du feu le séparant de la comtesse, ne saurait lire les écrits de la femme, langage incompréhensible pour eux, à juste titre.
-Comtesse, nous perdons notre temps. Ces indigènes ne comprennent pas notre langue.
-Pour le moment, leur regard se fixe sur le croquis que j’ai fait, pas le langage.
-Le croquis ?
Et la femme avait vu juste. Quand, tournant les pages instinctivement, le chef de la tribu tomba sur le croquis de l’amulette imaginé et dessiné par la femme, il demeura alors tétanisé. Le reste de la tribu, prise entre panique et colère, commença a s’agiter a quelques sombres et faibles paroles du chef. Certains pointant leur lances de pierre sur le groupe, d’autres reculant d’un air effrayé.