Puis, la comtesse se leva alors, reposant son bol à moitié dévoré. Le faucon la regarda alors s’approcher de la sortie de la tente, curieux.


-Ou est-ce que tu vas ?


-M’entraîner.


-Il fait nuit, et une tempête semble arriver. Tu ne devrais pas te reposer ?


-Je me reposerais quand je serais morte.


Acheva-elle avant de sortir de la tente. Une fois à l’extérieur, elle sentit le vent se faisant plus fort, sans pour autant être désagréable pour le moment. Les grains de sables se mettaient déjà à virevolter à hauteur des chevilles, se déplaçant en une meute silencieuse et discrète. Elle passa à côté du feu, saluant du visage les nomades, avant de s’éloigner de quelques centaines de mètres de là, retournant sur la dune ou elle était il y a peu. C’était une grande motte de sable, haute d’environ dix mètres, si l’on partait de zéro depuis le village. Une fois ici, la femme s’assis, en tailleur à nouveau, et, d’un geste granuleux mais constant, ferma ses paupières. Prenant une grande inspiration, elle expira doucement, faisant cela encore deux fois, avant que les grains autour d’elle ne se mettent à crépiter.


-« Ouvrez votre esprit ».


C’était ce que Yuzuru, cette femme qui lui avait ôté la vue, lui avait dit, avant de la laisser pour morte, agoniser dans ce désert devenu ténèbres. Même maintenant, elle ne comprenait pas vraiment le sens de ces paroles, qu’elle tentait de déchiffrer tant bien que mal. Elle repensa alors à son combat contre cette femme, a tous ces moments passés avec les membres du salon Otaku. Elle repensa à son combat contre la balle, dans son manoir, à la mort de son époux, à cette guerre, et tous ces enchaînements dans sa vie, découlant aussi rapidement qu’un rouage d’horloge. Elle repensa à la grotte, non loin d’ici peut-être ? La cavité ou elle trouva la pièce qui était face à elle, a défaut d’une bougie.


A nouveau, l’air se mit à crépiter autour d’elle, de manière plus intense. Les chaînes de flamme, circulaires, d’un ardent noir teinté de violet, firent leur apparition. Alors que le vent était filtré par ces chaînes, les grains qui volaient de manière plus intense, se firent dévier de leur trajectoire par cette sphère, comme lors de son précédent entraînement. La tempête redoublait d’efforts et d’intensité au dehors. Alors que chaque nomade était bien cloitré dans sa demeure, une seule personne demeurait rester debout, ou plutôt dans le cas présent, assise, dans sa position, trônant tout en haut de cette dune, nullement affectée par la tempête. Du moins, pas complètement. Tel une ombre entrevue entre le sable et la nuit, sa cape flottant légèrement grâce au vent passant dans ce havre de paix, le tissus, montrant la voie qu’allait suivre son propriétaire, exauça son vœu, le faisant disparaître sans bruit ni crier gare, ne laissant qu’a un baroudeur libre une vague trace de corps posé la, toute une nuit, au matin. S’en rendant alors compte, il aperçut au bas de la dune les corps de quelques animaux sauvages morts. Prenant un léger sourire à cela, il regarda alors l’horizon face à lui, le soleil illuminant son visage agressé par le temps et les combats.


-Tu aurais aussi pu leur dire merci en personne, plutôt que de leur laisser à manger, « comtesse ».

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