Taihai No Gyokuza

Après quelques instants, la femme rouvrit les yeux, et, baissant son arme lentement, elle se mit alors à marcher. Le regard froid, rigide, ses yeux animés d’une flamme s’opposant à son visage de marbre, face au visage de la comtesse, un sourire en coin, le regard déterminé et presque joueur, sa rapière elle aussi baissé le long de son corps, emboitant le pas. Les pas rythmés, lents, accélérant, de plus en plus pour finalement trotter, puis courir dans ce couloir ou la joute allait de dérouler, la lune regardant impartialement ce combat, laissant retentir le cri de rage des deux femmes se jetant alors l’une sur l’autre, le métal venant se joindre à cette macabre mélodie.

Cette nuit était agitée dans tout l’empire, lame, feu, lune et cauchemars étaient présent dans cette nocturne finalité, annonçant le commencement de quelque chose qui dépasserait bientôt tous les protagonistes de cette histoire. D’un simple mal de tête ou peut être cachant quelque chose de plus grand, la flamme des combats se répercuta dans l’esprit de Miss Anokturus dans son esprit, cauchemardant pendant son sommeil, la femme se tournant dans tous les sens dans ses draps trempés de sueur. Ses visions lui faisant contempler un incendie d’une puissance sans pareille, d’une ampleur jamais égalée jusqu’alors. Voyant les flammes se répandre dans le monde et son esprit, hurlant sans pouvoir sortir de ce cauchemar, voyant parfois la silhouette d’une femme aux longs cheveux noirs, mousquet et pistolet a silex en mains, sa rouge se consumant avec les flammes, mais semblant parfaitement se marier avec celle-ci. Un cauchemar donnant une illusion de la réalité, ou une réalité dépassant son imagination, par-delà les frontières, les montagnes et les océans ou sa vision se tenait droite sur le pont d’un navire.

-Il faut que je la trouve… Ça a commencé.

Cette flamme qui s’était attisé en un véritable brasier dans les yeux des deux femmes se donnant dans un combat à mort, le château étant leur arène. Aucune des deux ne faiblissaient. Chacune ayant leur style propre. Une comtesse portée sur les attaques légères, rapide, éraflant et tuant à petit feu son adversaire face à une femme donnant de grands et rapides coups de sa large épée, désavantagée dans un duel de vitesse, mais bien au-dessus de la frappe de son opposante. Remontant le fil de la lame pour tenter de balayer ses pieds qui sautèrent au-dessus de ce coup avant de donner un violent coup de botte paré en partie par le bras, placé en protection mais faisant reculer la jeune femme qui continuait d’arborer ce léger sourire face à la balle, commençant à s’essouffler, sa trajectoire fléchissant, tout comme son adversaire qui n’était pas en reste.

-…Vous n’êtes pas mauvaise…cinquième balle...

-…Je ne pensais pas…ah…ah…croiser quelqu’un sur ce continent capable de croiser le fer avec moi aussi longtemps.

-Vous avez sous-estimé votre adversaire.

-Vous avez raison…Ah…une erreur impardonnable.

-La prochaine sera votre mort…héhé…

-Vous croyez… ?

A la surprise de la comtesse, Hei fonça alors sur la femme qui tenta de placer un coup d’estoc, que la balle esquiva en se décalant légèrement, ne stoppant pas sa course. Voulant éviter toute contre-attaque, elle empoigna même la lame de la rapière de sa main livre, se tranchant toute la longueur de celle-ci avant de pousser d’un violent la femme contre la fenêtre du couloir et de lui asséner un violent coup de pied au ventre, qu’elle reçut avec la dignité de ses yeux écarquillés de la douleur. Ses mains réussirent cependant à agripper le pantalon de son adversaire qu’elle précipita avec elle, basculant dans le vide des douves au bas du mur du château. Réussissant à rattraper in extrémis le rebord de pierre de sa main tranchée, elle poussa un grand coup de pied sur la main de la comtesse tenant alors son pantalon en même temps que son cris de douleur, ayant supporté pendant quelques seconde le poids de deux personnes sur sa blessure, et supportant tout le sien encore. Après avoir entendu un plongeon dans l’eau, la jeune femme réussis à s’agripper de sa seconde main au rebord, et remonter alors, tombant à moitié dans le couloir en tenant sa main emplis de sang et de poussière de roche et autres particules de roche. Elle ne prit pas la peine de regarder ce qu’il était advenu de la comtesse, et partit a toute hâte vers l’autre bout du couloir, prenant un bandage dans l’une de ses petites sacoches qu’elle avait, et qui n’en contenait que quatre ou un peu plus au vu de la taille. Elle utilisa deux d’entre eux pour stopper l’hémorragie, sentant le froid du tissus imprégné d’eau du a sa dernière plongée. Même essoré, il restait glacé. Mais elle ne pensa pas à cela et se précipita dans la salle du pont levis. Alerté par le bruit, les gardes en alerte se furent exécutés par la jeune femme, réussissant encore à se battre malgré sa blessure. Le levier actionné, le pont levis tomba alors avec vitesse et fracas, laissant l’accès libre à la sortie. De là, saisissant une corde qu’elle fixa a deux corps de soldat depuis la salle où elle était, elle descendit à vive allure depuis le mur en rappel, atterrissant directement sur le pont de bois abaissé. Gardant son épée dégainée dans sa main libre, elle courut pour arriver sur l’autre côté de la douve, franchissant ensuite le jardin, avec derrière elle des bruits de galops et de cris d’hommes, les torches se mettant à s’agiter derrière elle. Les voies se rapprochaient, et les hennissements aussi. Apercevant le muret de la propriété, elle le franchit en s’appuyant sur sa main baissé, sautant par-dessus celui-ci et se rétablissant sur ses deux jambes de l’autre côté. Elle courut ensuite jusqu’à son cheval, qu’elle avait laissé non loin, à l’angle d’une rue, attaché à un réverbère. L’enfourchant d’un grand bond, elle claqua des bottes et des rennes pour partir à toute allure, galopant le plus vite possible pour fuir, remettant sa capuche sur sa tête, tombée pendant sa fuite. Tel une ombre errante, elle disparut entre quelques rues peux éclairées, s’évaporant, elle, et les bruits de sabots de sa monture, on ne sait où.