Dit-elle en repartant alors à pas lents et apaisés. Une fois dans les entrailles du navire, elle emprunta les escaliers de bois menant au pont supérieur, pour arriver à la surface, sentant alors les embruns de la mer et les alizées du vent marin encore présent dans le port. Marchant ensuite sur les grandes planches de bois du vaisseau, elle se plaça au bout de celui-ci, au-dessus de la proue. Elle regarda alors d’abord le ciel ou le soleil brillait de mille feux. Un sentiment étrange vint alors l’envahir. Une sorte d’onde de bonheur, mais aussi de nostalgie dans cette nouvelle contrée qu’elle n’avait encore jamais vue. Comme si la femme était connectée au reste du monde et ressentait tous les attraits de celui-ci, elle ne semblait pas surprise de ces contrées. Elle observa en silence l’activité du port que les marchands et les habitants créaient. Un silence se forma autour d’elle, pour mieux écouter ces sons environnants. Bientôt, elle ferma les yeux, portant ses mains à son ventre, lié. Un sourire s’esquissant sur son visage, une multitude de pensées traversèrent alors son esprit. Bonnes ou mauvaises, elles se mélangeaient entre elle dans un flot incessant d’inventions et d’idées de tout genre et tous horizons. C’était ainsi qu’elle ressentait alors les choses, perdue dans un sentiment indescriptible, mais plaisant à ne pas trouver de chemin ou de sortie à celui-ci. Le bruit du bois craquant lentement au rythmes des roulis de la coque du navire, presque imperceptibles maintenant amarrée, mais encore présent, comme des battements de cœur auxquels on ne prêterait plus l’oreille, maintenant habitué à les entendre. Après quelques instants, elle rouvrit les yeux, observant cette activité, demeurée inchangée, puis porta à ses yeux cette grande amulette enflammée, qu’elle tenait dans sa main.
-J’espère avoir apaisé tes souffrances, qui que tu sois.
La nuit arriva alors rapidement pour la jeune femme qui ne sortit que peu de son navire, se contentant de marcher un peu sur le quai sous le regard anxieux de sa gouvernante, qui lui avait défendu de trop s’éloigner sans garde rapprochée. Chose qu’elle fit. La nuit tombée, les membres de l’équipage et du personnel retournèrent dans le navire. Seul six femmes gardaient le navire, certaines debout, droites et hautes, et d’autres assise contre le mat du bâtiment. Leur uniforme était identique d’un corps à l’autre, et toute prirent l’honneur de ne pas s’incliner devant la femme lors de son passage. Devant les deux portes menant aux quartiers de la dirigeante, l’une des six sentinelles lui ouvrit la porte, gardant son autre main sur le manche de son épée.
-Bonne nuit madame.
-Bonne nuit Zayin. Je suppose que tu as hâte de retrouver le reste de l’équipe, comme tout le monde.
-Il me tarde de revoir la cinquième balle, il est vrai.
-Digne de la septième que tu es, Zayin.
Conclut-elle alors sur un léger sourire, rentrant dans ses quartiers sous le regard protecteur et froid de son garde. Le lendemain matin, le salon resta fermé, ouvrant seulement après l’heure du midi. Les premiers membres, le capitaine Onykan et sir Desquen accompagné de sa nouvelle amie arrivèrent. Pensant être les premiers, ils furent quelque peu surpris quand ils sentirent la porte se dérober sous leurs mains. Ouvrant la marche, le capitaine Onykan pénétra dans le hall le premier, entendant quelques bruits discrets dans la cuisine sur la gauche du hall. Il entendit alors des bruits de pas arriver vers lui, ce qui le surprit plus encore. Mais que ne fut pas son visage interdit lorsqu’il croisa les yeux de miss Anyerius dans ce hall, tout juste sorti de la cuisine. La femme prit elle aussi une mine surprise en croisant l’homme, se pensant encore seule.
-Capitaine ! Mes excuses, je n’ai pas entendu la porte s’ouvrir.
-Miss Anyerius ! Que diable faites-vous ici ?! Ne devriez-vous pas être alitée ?
-Oui, je l’étais hier encore. Mais en quelques heures, mon état s’est miraculeusement rétablit. Mes prières envers sa sainteté Mokou ont étés entendues semblerait-il.
-Je suis ravis d’entendre cela ! Et ce prompt rétablissement est des plus miraculeux en effet !
Une fois tout le salon, à l’exception de la comtesse, manquant encore à l’appel, réunis autour du thé servit par miss Anyerius qui reçut louanges et réconfort de la part de tous, étonnés de la revoir ainsi, si pétillante, ce fut au tour de cette nouvelle arrivante de prendre la parole. Faisant une légère révérence en levant sa robe, elle inclina son dos lentement.
-Bonjour à tous. Je me prénomme Miyu Edelfet. Je suis un nouveau membre venant de la part de sir Desquen, si l’on peut le dire ainsi. Il m’a parlé de votre salon, et de nos convérgences d’opinions. Aussi ai-je décidé de venir voire cela de mes propres yeux, portée également par les quelques rumeurs courant de par notre ville. J’espère ne pas vous décevoir.
-Elle est très belle…
S’exclama a voie basse miss Syoko, les yeux brillant devant cette femme dans la fleur mure de l’âge qui ne manqua pas de faire effet à la gente masculine, y compris certains ayant trouvé un parti il y a peu. Observant la femme, sir Kobayashi prit alors la parole en saisissant une tasse de thé chaud.
-Portée par les rumeurs dites-vous ?
-Oui. Je m’intéresse beaucoup aux faits d’actualités voyez-vous. J’ai une certaine corde curieuse à mon arc. Sir Desquen m’a alors parlé d’une étrange histoire de femme et d’épée. Mais j’espère ne pas importuner qui que ce soit avec cela.
-Vous prouvez simplement par la que ce brave Desquen ne sait pas tenir sa langue, Lady.
Dit alors d’une voie forte et provocatrice le chevalier Shinken, principal intéressé par toute cette histoire. Les bras croisés, il reprit alors.
-Si vous parlez d’une femme ayant menacé quelqu’un, ce quelqu’un est moi, chevalier Shinken. Les présentations ont été faites mais la comtesse est présente comme nous vous l’avons dit.
-C’est exacte.
-Effectivement, ce que vous a raconté Desquen est juste. Une femme, armée d’une épée que j’ai trouvée étrange sur le moment, m’a menacée, a une époque où je souhaitais annihiler ce salon. Sa demande a donc été de le laisser en paix. Finalement, j’ai finis par siéger ici.
-Je vois…Mais pourquoi cette arme était-elle étrange ?
-Elle était incurvée comme celles que j’ai pu voir à Yudanel. Mais pourquoi cet engouement pour cette affaire, à peine arrivée, Lady Edelfet ?
-Lady Edelfet est une passionnée de mystère et d’affaires, comme sa demeure et ses livres d’histoires peuvent en témoigner. Pour y avoir été je peux l’attester.
-C’est exact. Rien de plus. Je trouve beaucoup d’utilité et de divertissement en m’intéressant à toutes les affaires quotidiennes que l’on apporte à mes oreilles et qui me sembles dignes d’intérêt.
-Est-ce à dire que celle-ci l’est ?