-Un chevalier vétéran de guerre menacé par une femme, armée d’une épée étrange, venant d’une lointaine cité qui elle-même est tout aussi étrange de par ce qu’on raconte sur elle, si j’ai bon souvenirs, on croirait lire ou entendre une histoire de meurtre ou de complots au seins de la famille impériale. Mais qui sait ce que cette histoire d’apparence versatile eut caché de plus sombre encore…
Annonça-t-elle alors d’un ton peu plaisant, un léger sourire cependant à ses lèvres qui se portèrent a la tasse de thé chaud qu’elle saisit de ses fines mains. Des mains immaculées, à l’opposée extrêmes de celles qui tenaient un manche d’épée incurvée au même moment, a un endroit bien éloigné du salon. Marchant a pas lents et calme, laissant derrière un amoncellement de corps, suivis par deux autres personnes, le détenteur de cette arme, froid, droit, ensanglanté, mais du sang d’autrui, semblait a la recherche de quelque chose. Ayant passé le territoire de leur proie de cette manières, la meute avait franchis sans mal les grandes étendues, discrète, calme, réfléchie. Tel un loup assoiffé s’amusant avec sa proie, son pas était lent. Il ne se pressait pas. Ne courais pas. Ne ressentait pas la peur, ni la crainte. Il se savait supérieur, sur tous les plans. Et même en cas de problème extérieur, il n’avait aucune raison de s’en faire pour le moment. Pièce aux vitres tachées de pourpre, et au rouges nappes d’une sanglante femme, à l’origine immaculée, ces trois êtres métalliques et sanglants n’erraient pas dans le château qu’ils avaient investi. Au contraire. Ils se délectaient de celui-ci, sans pour autant prendre un quelconque retard ou une bifurcation autre. Ils suivaient leur chemin, groupé, tel une meute de chasseurs. Le lion, après avoir lus une lettre apportée par un pigeon voyageur jusqu’à lui, avait envoyé ses femelles chasser pour lui, attendant son gibier patiemment. Il savait que quelque chose allait revenir. Aussi, attendait-il, devant son autel, effectuant une seconde prière pour apaiser certains esprits.
Ayant entendus tous ces bruits, leur proie, acculée, se leva de son lit, avec ses derniers gardes, prête à défendre sa vie. Epée à la main, sa seconde portée sur sa poitrine, entourée de ses derniers et meilleurs soldats, elle écoutait elle aussi patiemment les bruits se rapprocher de sa chambre. Les lames s’entrechoquant, les cris faisant rages, comme celle des vivants, passant chez les morts un à un. Le sans accompagnant ces lionnes sur leurs chemins, qu’elle ne perdait jamais de vue. Faisant danser leurs lames, aussi rapides que des balles, sans quitter leur instinct de prédateur un seul instant.
Soudain, la porte s’ouvrit. La proie était mise à nue. Devant elle, les lionnes fixaient son corps, désirant se repaitre de sa chair. Mais était-ce vraiment leurs intentions ? Comme poussées par une ultime politesse, même dans ce combat macabre, les lionnes levèrent leurs épées, se rangeant alors face à la dernière ligne de défense les séparant de leur proie.
-Balle numéro 6, Vav, veuillez m’excuser.
-Balle numéro 7,Zaiyn, veuillez m’excuser.
-Balle numéro huit, Het, veuillez m’excuser.
Comme annonçant la fin de leur traque, achevant cette partie de chasse, les trois félines s’identifièrent à leurs ennemis, avant de se repaître de leur chair. Les derniers prédateurs concurrents abattus, la proie se sut alors perdue. Peu importe ses tentatives, elle mourrait. Mais l’honneur de celle-ci la contraignait à le faire. C’est dans cette pensée que désespérément, elle tenta de griffer la meute qui était face à elle, en vain. Tenue en joue par deux des lionnes, la dernière se plaça face à cette proie, maintenant désarmée, portant, elle, son épée sous la gorge de son jouet.
-Comtesse Kyuubei. Enchantée.
-Alors, il y avait plus qu’une balle comme cette Hei…je me doutais qu’il y en avait cinq a minima, sans quoi le chiffre serait dénué de sens…mais je ne pensais pas à avoir plus que cinq pour être franche. Vous venez terminer la tâche de votre camarde ?
-Notre but n’est pas de vous éliminer, comtesse. Nous sommes venues terminer la tâche de notre sœur, qui était de récolter des informations. Je vais me charger de cette tâche. Aussi, n’interfèrez pas je vous prie.
-Comment le pourrais-je.
Rangeant son épée dans son fourreau, et son annonce terminée, Zaiyn fit signe à ses deux « sœurs » qui firent asseoir la comtesse, toujours sous la menace de leurs deux épées. Cette fois-ci, la femme n’avait pas de moyen de s’en sortir. Brulant de cette défaite par forfait, due à une supériorité lui assurant une victoire nulle, elle insultait de lâcheté ses adversaires, mais aussi elle-même de ne rien pouvoir faire.
La femme disparut alors de la pièce après l’avoir fouillé, laissant la comtesse aux mains de ses deux collègues. Assise sur son fauteuil, bien que gardant un visage maitrisé et calme, la femme n’était pas du tout rassurée intérieurement. Entendant à l’autre bout du couloir ou des pièces voisines de bruits de meubles qu’on bougeait, de tiroirs s’ouvrant et se clapant avec vivacité, de draps remués et de tableaux décrochés. Son interrogation principale, après celle de savoir si elle allait rester en vie, était de savoir ce que les femmes cherchaient. Mais elle ne dit rien à ce sujet, restant muette, fermée. Le peu de ce qu’elle avait pu voir et déceler chez les trois femmes lui indiquait que peu importe sa question, rien ne les feraient parler. Après une bonne heure de tension et d’attente, Zaiyn réapparut alors, arme toujours dégainée. S’approchant de la comtesse, elle fit signe au deux femmes qui s’écartèrent alors, laissant la gorge de la femme respirer.
-Il semblerait que vous n’êtes pas la personne que nous recherchons. Du moins, rien ne le prouve. Aussi nous allons vous laisser.
-Vous ne faites rien d’autre que cela ?