Les fenêtres étaient alors ouvertes, laissant les bruits de la rue marchant emplir la pièce ou la jeune fille écrivait en compagnie de l’homme, tandis que les notes du piano, dans une chambre semblable à Yudanel, s’échappaient dans le grand jardin qui entourait toute la demeure ou la jeune fille qui jouait son air se trouvait. Assise sur le siège sans dossier devant l’instrument, elle faisait glisser et virevolter ses doigts de manière si légère que ses mains jouaient tel une brise sifflant entre les touches qu’elles caressaient de leur fine et blanche peau. Cette manière fluette de jouer, ces mains si précise mais si douces à la fois, semblaient héritée d’une femme, surement sa mère. Agée d’environ dix ans, la jeune fille aux longs cheveux noirs, coiffés en boucles et tombant jusqu’au sol, cette couleur corbeau, se mariant au noir laqué du piano, se mouvaient lentement au rythme du visage de la jeune fille qui se penchait de gauche à droite, ou de droite à gauche, au rythmes des notes qu’elle invoquait sur l’instrument.
Les panneaux coulissants alors ouverts, la brise de la fin de cette après-midi venait caresser les cheveux et transporter dans toute la pièce le son de l’instrument, brise mélodique apaisant les cœurs en même temps que le corps dans sa douceur que seul le corps ressentait, laissant aux yeux l’imagination de ressentir ces effets. Ainsi, fermant les yeux pour laisser les notes apparaitre instinctivement, comme une seconde nature chez la jeune fille, la jeune fille ressentit comme une présence apportée avec cette minuscule brise. Ressentant cela, ses doigts cessèrent peu à peu de jouer. Les notes se figèrent avec le temps. Le soleil cessa son astre, le temps d’une minute, ou la jeune fille se tourna alors vers le jardin ou les panneaux étaient encore ouverts.
Et apportée avec le vent, la femme qui était arrivée se présenta à elle, cadeau du ciel arrivé aussi vite que possible, aussi tempétueuse que les bourrasques. Cette vision la transcenda alors dans son corps et son âme. Tout à coup, sa grâce devint alors frêle. Ses yeux jaunes, si clairs et si doux, se volèrent d’une humeur larmoyante, joyeuse, mais humide. Portant ses mains à sa bouche qu’elle cacha pour retenir plus d’émotions inconvenantes d’apparaitre, elle les porta finalement vers cette femme, vers qui elle avança à pas fébriles. Marchant de plus en plus vite sur la courte distance qui la séparait d’elle, elle tomba alors dans les bras de celle-ci fondant en larmes dans la robe rouge et noir qui l’accueillit à bras ouverts, son visage se réfugiant dans celle-ci. La femme, qui prit ce petit être dans ses bras, versa elle aussi ses larmes tombant le long de son visage, un sourire exprimant une joie incomparable sur le visage. Une joie et un amour plus puissant que tout autre sentiment.
-Okami…ma petite chérie…je suis rentrée ma fille…
Allongées sous le grand chêne du jardin, sa fille dans ses bras sous les regards essoufflés et heureux des sept balles, la reine caressait doucement les cheveux de sa fille dormant contre elle. Elle avait trouvé le sommeil et le repos. Une chaleur maternelle qu’elle n’avait plus ressentit depuis des années, et une odeur qui s’offrait à son odorat, qu’elle avait presque oubliée. Arrivant derrière elle, le duc s’assit près d’elle, un genou plié.
-Tu aurais pu me prévenir de ton arrivée. Heureusement que ton faucon est un rapide.
- Mes excuses chéris. J’étais angoissée à l’idée de venir ici. Mais je ne pouvais résister plus longtemps à l’idée de la revoir…et toi aussi. Et je suis comblée par ce que je vois. Une cité si grande, si majestueuse, ou les gens y vivent en paix, heureux et sans conflits….cela me semble encore comme un rêve. Même Zayin et les autres filles sont profondément choquées de cela, même si elles ne le montre pas. Vous avez su faire tant pendant ces années. Accomplir autant en si peu de temps…Vous avez même mené et gagné une guerre.
-C’est vrai. Mais cela c’est fait au péril de cinq de tes balles…et pour cela, je suis inexcusable.
-Tant que mon chargeur demeure emplis d’au moins l’une d’elle, alors nous sommes toujours forts, et victorieux. Elles n’ont pas été tirées en vain. J’en suis assurée. Et elles auront permis d’accomplir tout cela. Je me recueillerai dans leur sanctuaire respectif dès que possible.

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