-Nous ne sommes pas des voleuses, sauf si on nous l’ordonne, et nous ne sommes pas des assassins, sauf si on nous l’ordonne. Aussi, profitez de votre vie. Mais nous seront toujours dans votre ombre.
Acheva la femme qui rangea finalement son arme, suivit des deux autres demoiselles qui quittèrent les lieux, laissant la comtesse assise dans son fauteuil, seule avec ses pensées et ses appréhension, devant un tapis jonché de cadavre baignant dans leur propres sangs. Chevauchant ensuite à vive allure, pour retourner auprès du navire qui était amarré au port, elles revinrent alors en voyant les trois autres balles se préparer à partir, visiblement en hâte.
-Yud Bet ! Que se passe-t-il ?
-Dame Tokisaki est partie pour Yudanel ! Elle a dit ne plus pouvoir attendre de revoir sa famille.
-Yudanel ?! Il faut la rattraper ! Que Yuzuru envoie un faucon jusqu’à la cité pour qu’ils préparent sont arrivé !
Dit-elle avant de repartir de plus belle en claquant ses bottes contre sa monture, suivis des cinq autres femmes. Yuzuru reçut l’ordre et se hâta alors d’écrire sur une fine bandelette de papier le message, qu’elle accrocha non pas sur un pigeon mais cette fois ci sur un animal plus noble et rapide pour cette missive de la plus grande importance. Mettant sur sa main gauche un épais gant de cuir, la femme descendit ensuite jusqu’au quartier de sa maîtresse, et ouvrit la porte de son bureau. De là, elle se pressa vers le nichoir qui était juste à côté de son bureau.
Posé sur celui-ci, un faucon pèlerin la regarda arriver, sans rien dire ou faire. Armé de grandes pattes jaune comme la couleur de ses yeux, dotés chacune de trois griffes acérées, son ramage noir se déplaça lentement jusqu’au gant de Yuzuru qu’elle plaça juste à côté du nichoir pour laisser l’animal se poser sur celui-ci. Elle accrocha ensuite d’une main tout en remontant vers l’extérieur le message sur l’une de ses pattes, avant d’arriver sur le pont. De là, elle chuchota quelque chose pendant quelques instants a l’oreille de l’oiseau, qu’elle aida à partir, levant son bras d’un grand élan. L’animal déploya alors ses ailes, majestueux, et quitta le bras de la femme qui le contempla, regardant la bête voler et s’élancer dans les cieux. Passant au-dessus de la ville, puis traversant les plaines à vive allure, il put voir au loin, s’il y prêtait attention, six chevaux galoper à tombeau ouvert pour rattraper la femme qu’il retrouva bien rapidement. Chevauchant en amazone, dame Tokisaki aperçut alors dans le ciel le grand oiseau, le regardant voler parmi les nuages. Bientôt, il la dépassa alors et devint de plus en plus petit, rattrapant même l’horizon que la femme poursuivait.
A l’autre bout de ces chemins de terre ou l’on galopait, le salon, plus calme et détendus, parlait alors cette fois-ci bel et bien de sujets Kutaos, comme la déesse Mokou ou plus simplement du moyen de faire revivre leur mouvement. Alors que les proposition et idées naviguaient dans les esprits de ce salon, se refusant ou s’entrelaçant dans un flot de paroles et de pensées, Lady Ecleasia prit alors la parole.
-Et pourquoi ne pas écrire ?
-Ecrire, quel genre d’écrits ?
-Ah, il est vrai que sans la comtesse, le capital littéraire du salon prend un coup.
-Voyons, chevalier…je parlais d’essais ou de traités, théoriques ou non sur notre mouvement. Si nous voulons intéresser de nouvelles personnes, ou reconvertir certains préjugés ou idées reçus, il convient de publier tout d’abord une vision objective et précise de notre idéologie.
-Certe, mais qui serait le mieux placé pour faire cela ? Je ne suis pas vraiment un savant de la littérature.
-Moi, je veux bien essayer.
Prononça alors une petite voix fluette non loin du capitaine Onykan. Cette voie que l’on entendait peu, sauf à travers des mâchouilles de madeleines ou des gorgées de lait chaud, c’était miss Syoko. La jeune fille aux jambes se balançant dans le vide regarda l’assemblée d’un léger air réservé.
-Je veux bien…essayer…Maman dit que j’écris bien, et parfois j’aide papa dans ses livres…
-C’est vrai, miss Syoko ? C’est étonnant en effet ! Vous parlez si peu de vous, nous n’en savions rien. Dans ce cas, si vous le voulez bien, que diriez-vous d’essayer l’écriture d’un essai ou d’un court texte sur notre idéologie ? Je pourrais vous aider si vous le souhaitez.
Proposa alors le capitaine Onykan. Posant sa tasse rapidement, sir Desquen leva alors le bras.
-Voyons Capitaine, laissez-moi m’en charger. Mon expérience lui sera profitable. Vous êtes déjà bien occupé avec vos hommes, je puis faire ce petit service, mon emploi du temps me le permet amplement.
-Vous êtes sur, sir Desquen ?
-Bien évidemment. Laissez-moi donc me charger de cela.
-Cela vous convient-il, Miss Syoko ?
-Je veux bien…
-Voilà qui est arrangé ! Nous avons hâte de lire vos écrits miss !
S’exclama alors sir Kobayashi, visiblement enjoué, comme le reste du groupe, a l’idée de lire la production de la jeune demoiselle. Une fois la résolution prise, et la séance terminée, la petite assemblée se quitta alors, chacun rentrant chez lui. Sir Desquen resta aux côtés de miss Syoko, qui rentrait également chez elle.
-Désirez-vous commencer aujourd’hui, sir DeLesuqne… ?
-Si cela est à votre convenance, je ne saurais refuser pareille invitation.
-Dans ce cas, allons-y. Je préfère rentrer chez moi à pied, si cela ne vous dérange pas.
-Au contraire, cela nous permettra de faire plus ample connaissance.
Répondit-il alors en se plaçant à ses côtés. C’est ainsi que miss Syoko en apprit plus sur l’homme avec qui elle allait travailler, et vice versa. Malheureusement pour ce dernier cas, la timidité et la réserve de la jeune fille empêchait sir Desquen d’avoir de plus amples informations que celles qu’il avait déjà au sujet de la jeune fille. Il apprit simplement de manière plus détaillé le travail de ses parents. Son père était un représentant politique a la cour de l’empire, tandis que sa mère ne travaillait pas, s’occupant de sa fille quand elle n’était pas au salon, ou de son jardin, passionnée de botanique et de sciences florales. Rentrant ainsi dans sa demeure, a pas discrets et prudents comme le vieux loup qu’il était, il se mit bien rapidement au travail avec miss Syoko.
La demeure de miss Syoko était de très belle allure, une grande terrasse a l’arrière de celle-ci, couverte par quelques grandes haies pour masquer le bruit et la vue des rues voisines qui pouvaient parasiter le calme et la sérénité des lieux. Malgré le poste du père de la jeune fille, la famille, bien que avantagée sur le plan économique, ne l’étais pas pour autant de manière significative. Le grenier de la demeure qui était construite de plein pied, bien grand et agréable quand la lumière du soleil rentrait par la grande vitre circulaire qui était sur la façade, juste sous ledit toit, avait été aménagée pour recevoir invités et famille, contenant le salon principal, et seule pièce de ce genre de la demeure. Ainsi, de manière quelque peu originale, les invités devaient monter quelques marches pour accéder à cet endroit si agréable en plein après-midi ou en début de soirée. Ainsi, la chambre de Miss Syoko était donc au rez-de-chaussée, donnant sur la rue, des rideaux blancs masquant le contenu de la pièce une fois tirés. Assez opaques pour ne pas montrer les détails des scènes qui s’y déroulaient, mais trop transparents encore pour en masquer les formes principales.